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En 1688, l'un d'entre eux, Frédéric III devient prince-électeur de Brandebourg. Il a une idée principale : se faire couronner roi de Prusse. D’abord réticent, l’empereur Léopold Ier est contraint d’accepter, afin de bénéficier de l’aide militaire du Brandebourg dont il a cruellement besoin pour la Guerre de Succession d'Espagne.
Désormais, toutes les possessions des Hohenzollern sont réunies au sein du Royaume prussien. En 1698, Frédéric avait demandé à Andreas Schlüter la transformation du Château de Berlin, en prévision de son élévation à la dignité impériale, puis, en 1700, sur l'initiative de Leibniz, Berlin accueille la troisième Académie des sciences en Europe. Il fait également construire pour sa femme Sophie Charlotte un somptueux château à Charlottenburg, ville alors située près de Berlin. Mais toute cette politique d'apparat, due en partie aux appétits de prestige du nouveau roi, coûte cher : la cour dépense la moitié des revenus annuels. Enfin, en 1711, Antoine Pesne, d'origine française, devient peintre de la Cour. thumb
En 1713, Frédéric-Guillaume Ier devient roi en Prusse. Il est resté comme le Soldatenkönig, le Roi-Sergent. C’est un roi qui aime les beuveries, les tabagies et les chants guerriers. Il s’entoure d’une garde de géants, célèbre dans toute l’Europe, pour laquelle il fait recruter de gré ou de force des géants partout sur le continent. Mais Frédéric-Guillaume se caractérise par un sens aigu du devoir envers l’État. Il consolide le royaume, renfloue les caisses par une économie austère, et fait de l’armée prussienne l’une des plus fortes du continent avec 76 000 hommes (à cette époque, la France en compte à peine le double et elle est beaucoup plus peuplée que la Prusse). Malgré son implication dans la Guerre du Nord, et l’acquisition de Stettin et de la Poméranie occidentale, Frédéric-Guillaume s’occupe surtout de perfectionner son armée, notamment en organisant des recrutements et un nouveau découpage en cantons : désormais (1711), chaque régiment se voit attribué un canton dans lequel il peut effectuer ses recrutements. Ce faisant, il lègue à son fils une puissante machine de guerre dont lui-même ne s'est pas servi.
thumb Frédéric devient roi en 1740 sous le nom de Frédéric II, le Grand Frédéric. C’est un jeune homme de vingt-huit ans, d’éducation et de culture française, admirant Voltaire. Son père l’a souvent traité de fillette et il semble mal préparé pour le trône de son père, mais il se révéla un redoutable stratège et un véritable despote éclairé.
Grâce à l’armée de son père, il peut attaquer l’Autriche de Marie-Thérèse : en 1742, il conquiert la Silésie, région très riche qui augmente considérablement le territoire de la Prusse et sa population, ainsi que le comté de Glatz. C’est le déclenchement de la Guerre de Succession d'Autriche, ou Première Guerre de Silésie qui trouve son origine dans la Pragmatique Sanction. Charles VI d’Autriche était devenu empereur du Saint-Empire après la mort de son frère, n’ayant pas d’héritier mâle, il réussit en 1713 à faire accepter par les chancelleries européennes la Sanction qui permettait à sa fille Marie-Thérèse d’hériter de ses possessions en Europe centrale. À sa mort en 1740, Marie-Thérèse devint donc archiduchesse d’Autriche, mais les pays européens ne l’entendirent pas de cette oreille, Frédéric le premier. Après une guerre de huit ans, l’acquisition du duché de Silésie est confirmée à Frédéric II.
Mais, soucieuse de reconquérir la Silésie, Marie-Thérèse s’allie avec la Tsarine Élisabeth, de son côté George II, roi de Grande-Bretagne et électeur de Hanovre s’allie avec la Prusse. Sentant l’encerclement le menacer, Frédéric prend l’initiative et envahit la Bohême et la Saxe en 1756. La Guerre de Sept Ans, ou Seconde Guerre de Silésie, commence. La guerre oppose l’Autriche, la France, la Suède, la Russie, l’Espagne et la Saxe d’une part et la Prusse ainsi que la Grande-Bretagne d’autre part. Très vite, la situation devient dramatique, pratiquement seul contre tous, le Brandebourg est envahi, Berlin assiégée. Mais, le jour de Noël 1761, la tsarine Élisabeth meurt, et son neveu, Pierre III, est couronné Tsar en janvier 1762. Admirateur de la Prusse et en premier lieu de Frédéric, Pierre conclut la paix avec le Hohenzollern et, peu après, la guerre se termine ; la Prusse est sauvée et le traité d’Hubertsburg en 1763 officialise définitivement la possession de la Silésie à la Prusse.
Cependant, le royaume reste, vu son étendue d’Aix-la-Chapelle à Königsberg, divisé en trois parties : à l’Est, la Prusse, au centre le Brandebourg et à l’Ouest les possessions occidentales, incluses dans le Kleinstaaterei, terme intraduisible décrivant la mosaïque de principautés de l’Allemagne à cette époque, et l’un des facteurs empêchant la réalisation de l’unité.
Durant son règne de despote éclairé, Frédéric, aussi surnommé le vieux Fritz, confie à Georg Wenzeslaus von Knobelsdorff la construction à Potsdam, au sud-ouest de Berlin, du Palais de Sanssouci où il fait venir Voltaire et d’autres philosophes constituant une cour disparate et pittoresque. En 1744, il nomme le mathématicien malouin Maupertuis à la tête de l’Académie des Sciences de Berlin, laquelle compte également Leonhard Euler. Voltaire en fit partie et, à sa mort, après que Louis XVI aura refusé à l'Académie française le droit de célébrer une messe pour le repos de son âme, il en fit solennellement célébrer une à l'église catholique de Berlin, à laquelle assistèrent tous les membres catholiques de son Académie.
La même année, Frédéric obtient le comté de Frise orientale, mais surtout, en 1772, d’un commun accord Russie, Autriche et Prusse se partagèrent la Pologne : Frédéric obtient la Prusse royale, sauf Thorn et Danzig. Désormais, la Prusse est réunie au Brandebourg. À la fin du règne de Frédéric, le territoire de la Prusse a presque doublé, et le trésor royal a été multiplié par huit.
En 1797, Frédéric-Guillaume III devient roi de Prusse. Il est confronté aux dernières Guerres de Révolution puis aux Guerres napoléoniennes. Allié dans un premier temps à la France, il se retourne bientôt contre elle. En 1806, pressée par son allié russe, la Prusse déclare la guerre à la France : l’armée prussienne, malgré sa réputation, est vite défaite, notamment à Iéna et Auerstaedt. Napoléon entre à Berlin ; le roi se replie à Königsberg. En 1807, la Prusse doit signer le Traité de Tilsit : l’armée prussienne est réduite à 47 000 hommes et la Prusse est contrainte de procéder à des réformes intérieures (abolition du servage en 1807 ; autonomie accordée aux villes en 1808).
Devant l'occupation française, un profond sentiment national s’éveille alors dans toute l'Allemagne et les Prussiens, sous les ministères du baron vom Stein et du comte von Hardenberg, conservent et entraînent en secret une puissante armée. Mais plus que le roi Frédéric-Guillaume, c’est surtout sa femme Louise qui incarne la résistance face à Napoléon et aux Français.
Après la défection du général Yorck lors de la campagne de Russie (1812), et son exploitation politique par von Hardenberg, l’armée prussienne fond sur les restes de la Grande Armée et, par la bataille décisive de Leipzig, l'oblige à se replier en Rhénanie (1813). L'armée prussienne, menée par le général Blücher, joue un rôle de premier plan dans la Campagne de France (1814). Elle appuie encore de manière décisive l'armée de Wellington pendant les Cent-Jours.
Finalement les vainqueurs de 1815 remodèlent l’Europe au Congrès de Vienne. Mais les intérêts de la Prusse sont insuffisamment défendus par un von Hardenberg hésitant face à Metternich, et Frédéric-Guillaume doit céder les territoires acquis lors du troisième partage de la Pologne (1795) et une partie des territoires acquis lors du deuxième partage (1793). En revanche, la Prusse obtient pratiquement toute la Rhénanie et toute la Westphalie (formant la Rhénanie prussienne) ainsi que toute la partie nord de l'ancien électorat de Saxe.
Ainsi, les énormes bassins houillers de la Ruhr et de la Sarre lui permettent un essor économique considérable et surtout de mettre en place le Zollverein, une structure d'apparence économique, mais qui en réalité relèguera graduellement au second plan l'autorité des Habsbourg en Allemagne en quelques décennies. L'unité allemande, proposée entre autre par le Baron vom Stein, aurait pu être faite d’ailleurs lors du Congrès de Vienne mais, du fait des réticences des rois et des princes, elle a été retardée d’un demi-siècle.
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En 1840, Frédéric-Guillaume IV est couronné Roi de Prusse. L’événement majeur de son règne est la Révolte de 1848 à Berlin. Les parlements sont dissous et les nouvelles assemblées proposent au Roi la couronne impériale d’Allemagne. Ce dernier refuse car l’assemblée n’est pas légitime et la Révolution est réprimée. À la fin de son règne, le roi est déclaré inapte à régner du fait de l’altération de ses facultés mentales ; c’est son frère Guillaume qui assure la régence jusqu’à la mort du roi.
En 1861, Guillaume de Hohenzollern est couronné roi sous le nom de Guillaume Ier. Un an plus tard il choisit le comte Bismarck, un pur Junker, comme chancelier. Par sa politique belliqueuse et pragmatique, ce ministre réalise en l'espace d'une décennie l’Unité allemande en évinçant militairement les Habsbourg de l'Allemagne du Nord. La Guerre des Duchés, une guerre commune avec l’Autriche contre le Danemark, donne en 1864 conjointement à la Prusse et à l’Autriche la gestion des duchés de Schleswig et de Holstein. Puis, prenant prétexte de la mauvaise gestion autrichienne en Hesse, Bismarck déclare la guerre à l’Autriche en 1866. Ceux qui prévoyaient que la Guerre austro-prussienne serait longue et se solderait par la victoire de l’Autriche voient leurs prévisions complètement bouleversées : en moins de trois semaines, par les batailles de Langensalza et Sadowa , l’armée prussienne, bénéficiant d'un armement moderne (canons Krupp), ne fait qu’une bouchée de l’armée autrichienne, hétéroclite, mal entraînée et mal commandée. La Prusse annexe ainsi, outre les duchés de Schleswig et du Holstein, le Hanovre, Francfort, la Hesse et le Duché de Nassau. Désormais la Prusse est un territoire d’un seul tenant du Rhin au Niemen. Il ne reste plus à Bismarck qu'à faire reconnaître l'Unité allemande grâce à la Guerre franco-allemande de 1870. Habilement trompée par la « Dépêche d'Ems », la France déclare la guerre à la Prusse, prenant la responsabilité des hostilités. Là aussi l’armée prussienne, mais également bavaroise et wurtembergeoise, sous le commandement de Von Moltke, écrase l’armée française en deux semaines. Les Prussiens assiègent Paris et par le Traité de Francfort (1871) annexent l’Alsace-Lorraine. Ils obligent la France à payer une indemnité de cinq milliards de francs-or.
thumb à Versailles. Tableau d'Anton von Werner.]]
Le 18 janvier 1871, 170 ans après que Frédéric Ier a été couronné roi de Prusse, Guillaume Ier reçoit la couronne de l’Empire allemand des mains des princes allemands, réunis dans la Galerie des Glaces du château de Versailles. Bismarck a atteint son but : l’Unité Allemande est achevée. Mais l’Empire est une fédération de 25 États réunis sous l’égide de la Prusse, et certains États conservent un particularisme très fort, comme la Bavière. Cette Bavière de Louis II, qui s’est fait octroyer par Bismarck des droits importants pour prix de son adhésion à l’Unité.
En 1888, Frédéric III est couronné roi de Prusse et empereur d’Allemagne, mais il meurt d'un cancer trois mois plus tard, et son fils Guillaume lui succède sous le nom de Guillaume II.
En 1890 il renvoie Bismarck et nomme des chanceliers qui lui sont dévoués, tel Bethmann-Hollweg.
La Première Guerre mondiale, liée en partie à la recherche désespérée de nouveaux débouchés pour l'Empire allemand, dans une économie mondiale dominée par les grands ensembles coloniaux, s'ouvre sur une série de succès, tant sur le front est qu'en Belgique. Mais après l'échec de la Bataille de la Marne et les difficultés des alliés Autrichiens (en Serbie) et Ottomans (en Grèce), l'économie du pays bascule rapidement dans la récession. Le manque de matières premières amène les industriels et les chercheurs à développer le recyclage des matériaux et à mettre au point divers ersatz (comme le buna), mais la famine touche sérieusement la population urbaine à partir de 1917.
La perte des Dardanelles, l'effondrement du front ouest à l'automne 1918 et l'explosion révolutionnaire dans les grands centres urbains balaient l’Empire allemand et les Hohenzollern ; Guillaume abdique en novembre 1918 ; dans un contexte de crise politique et économique, l’Allemagne se constitue en une République (la République de Weimar) dont la Prusse n'est plus qu'un simple Land : l'État libre de Prusse (Freistaat Preußen).
Les 14 provinces comprennent des Régences ou Présidences (Bezirke) et celles-ci des Cercles (Kreise). Chaque province a un parlement élu par celui des cercles.
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